Mathieu Floret et Marcela Ureta
« Nos deux filles profitent de ce cadre de vie. Avant, nous voulions toujours les occuper pour éviter qu'elles restent enfermées, ici elles se débrouillent ! »
Ils voulaient d’abord une grande maison pour accueillir leur famille en France. Pour Mathieu et Marcela, installés à Barcelone depuis quatorze ans, la commune nouvelle du Vignon-en-Quercy ne devait être qu’un lieu de villégiature. Voire une résidence d’un an le temps que leurs filles bilingues apprennent bien le français. Mais après leur premier été en 2019, la question s’est posée de repartir vivre en appartement ou de garder l’environnement d’une maison dans le Lot.
« Nous étions des hyperurbains. A Barcelone on habitait en plein centre, à cinq rues des Ramblas. Mais investir dans un logement coûte très cher là-bas, et aujourd’hui on préfère avoir notre camp de base ici », explique Mathieu. Marcela retrouve dans le Lot les souvenirs heureux de son enfance en Colombie, où elle a grandi, où sa famille se retrouvait dans une maison de campagne. Responsable marketing en France et en Italie pour une entreprise japonaise, dont le siège régional est à Bordeaux, elle peut travailler à distance, n’importe où. « On a préféré une propriété lotoise plutôt qu’une location bordelaise », en conclut-elle.
Idem pour Mathieu, qui peut piloter de loin sa société espagnole. Food Lover Tours propose dans des villes d’Espagne et du Portugal des itinéraires guidés de découverte gastronomique. Son principe : vous emmener là où vont les locaux, faire partager des ambiances de bars, de restaurants, et révéler les pépites gustatives locales. Fort du succès de cette entreprise, Mathieu a aussi développé un service en ligne de boîtes de produits régionaux, qui propose des colis rassemblant une sélection des meilleures découvertes pour chaque lieu.
Confiné dans le Lot, Mathieu a dû imaginer son monde d’après : pourquoi ne pas transposer son concept en Quercy, terre de gastronomie ? Il a d’ores et déjà créé une boîte « Vallée de la Dordogne », qui côtoie sur son site celles d’Andalousie ou de Catalogne.
Et il réfléchit à mettre en place des itinéraires gastronomiques lotois : il a déjà repéré quelques bars ou restaurants qui valent le détour, pense à des caves... Ce projet se bâtit avec l’aide de Cauvaldor, la communauté de communes du nord du département, et Food Lover Tours devrait prochainement être rapatriée et grandir en France.
Tout en poursuivant leurs parcours professionnels, Marcela et Mathieu ont totalement adopté cette campagne lotoise qu’ils connaissaient vaguement par les liens d’un ami. Leurs deux filles se sont rapidement adaptées : « elles iront à la ville plus tard, qu’elles profitent pour l’instant de ce cadre de vie », estime Mathieu. « Avant, nous voulions toujours les occuper pour éviter qu’elles restent enfermées, précise Marcela, ici elles se débrouillent ! »
Les ex-Barcelonais ont aussi su rapidement intégrer la vie de leur hameau. Dédé, le voisin, les aide au potager et leur a proposé ses compétences pour bâtir des murs en pierre. Et ils ont déjà eu l’occasion d’organiser une fête avec tous les voisins. Pour eux, désormais, rien ne vaut le réveil avec les oiseaux, la brume du matin et les écureuils qui furètent dans le toit.
Texte et photo Christophe Pélaprat - Magazine DireLot